La crise systémique du capitalisme rend le patronat plus rapace. Macron et le Medef ne veulent plus « payer la paix sociale ». Le gouvernement Macron au service du Medef prétend imposer au monde du travail des régressions sociales qui nous renverraient à avant 1936, soit 80 ans en arrière. En effet, le patronat veut un salariat kleenex qu’on jette après usage, qu’aucun droit du travail ne protège. Car il veut toujours plus de dividendes ; même si ceux-ci explosent littéralement, il n’en a jamais assez. Nos intérêts de salariés sont directement opposés aux intérêts des capitalistes. Si nous ne voulons pas que nos salaires, nos conditions de travail, nos conditions de vie reculent indéfiniment, nous devrons nous battre avec nos armes de travailleurs, nos armes de classe que sont les grèves et les manifestations.
Pour parvenir à ses fins, le gouvernement a manœuvré tout l’été. Il a convié les syndicats à des négociations qui n’en étaient pas, (dans le même temps Macron achetait des grenades pour un montant de 22 millions d’euros, ce qui en dit long sur l’idée qu’il se fait de la négociation). Macron s’est même vanté de ne rien dire aux syndicats. Il espérait isoler la CGT et Sud-Solidaires, et il y est parvenu dans un premier temps. En effet, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière, (alors qu’il était contre la Loi Travail I - El Khomri) a ouvertement assumé son rôle de collaboration étroite avec l’exécutif dans le détricotage du Code du travail, et il a même dit en être fier ! Hélas pour Mailly, hélas pour Macron, hélas pour le Medef, la trahison de Mailly a été désavouée par la commission exécutive de FO, et de nombreuses UD et sections locales du syndicat ont déjà rejoint l’appel au 12 et à la mobilisation. C’est, pour le monde du travail, la première bonne nouvelle depuis l’élection de Macron.
Mais gardons-nous de tout triomphalisme. Car bien que Macron soit le plus mal élu de toute la 5e République (sa majorité parlementaire ne représente que 14 % du corps électoral, on n’a jamais vu aussi minoritaire et il ne représente que 1 % des catégories sociales de ce pays) il garde en mains quelques cartes qu’il n’hésitera pas à utiliser (entre autre les grenades, mais pas seulement). En fait, la politique de Macron est la même que celle que nous promettait Fillon : « voler les pauvres pour donner aux riches » selon l’expression du très libéral Madelin. Des convergences apparaissent déjà entre les diverses tendances extrémistes libérales, et à l’heure des grèves et des manifestations toutes les fractions de droites et d’extrême-droite se trouveront réunies contre le monde du travail. Un sondage récent montre que 60 % des électeurs de Fillon approuvent Macron.
Macron et le Medef ont déclaré la guerre à l'ensemble des travailleurs. Dans le bras de fer qui nous oppose à lui et au patronat, notre force ne peut venir que de luttes qui se généralisent, d'une entreprise à l'autre, d'un secteur à l'autre, et aboutissent à la mobilisation de l'ensemble de la classe ouvrière (au sens large, c’est à dire de l’industrie et des services mais aussi les travailleurs privés d’emplois, les précaires...) pour ses intérêts collectifs. La préservation de notre indépendance, de notre autonomie devient ultra importante. En premier lieu nous affirmons que si notre force ne peut venir que de luttes qui se généralisent, nous ne pourrons/devrons nous en remettre à aucun tribun (fut-il « du peuple »). Pour être clair, Mélenchon et « La France Insoumise » n’est pas La Solution aux problèmes des travailleurs. Nous refusons son injonction de se ranger derrière lui.
Dès la campagne électorale lancée, nous en appelions au Front Unique Ouvrier, il s’agit de permettre que des organisations qui n’ont pas pour habitude de travailler ensemble puissent le faire. Il s’agit de pouvoir agir tous ensemble (syndiqués et non syndiqués, adhérents d’une organisation politique ou non engagés) mais sans nous en remettre à d’autres qu’à nous-mêmes du soin de nous libérer des forces qui nous dominent. Ce Front Unique est, de fait, en train de se mettre en place. Il est archi important que tout le monde du travail s’y investisse, pour garantir que son but ne soit pas détourné, car les manœuvres ne manqueront pas. Avec le Front Unique nous pouvons frapper ensemble pour défendre ce que nous avons à défendre en commun, tout en gardant nos propres engagements et convictions.