Akdeniz: Dünya devriminin yeni havzası!

The Mediterranean: new basin of world revolution!

البحر الأبيض: الحوض الجديد للثورة العالمية

مدیترانه: حوزه جدید انقلاب جهانی

Il Mediterraneo: nuovo bacino della rivoluzione mondiale!

Μεσόγειος: Νέα λεκάνη της παγκόσμιας επανάστασης!

Derya Sıpî: Deşta nû a şoreşa cihânê

Միջերկրական ծով: նոր ավազանում համաշխարհային հեղափոխության.

El Mediterráneo: Nueva cuenca de la revolución mundial!

La Méditerranée: nouveau bassin la révolution mondiale!

Mediterrâneo: bacia nova da revolução mundial!

Manifestation(s) contre la liquidation du système de retraites en France

 

 

 

 

Jeudi dernier 19 janvier 2023 une manifestation était organisée dans plusieurs villes de France dans l’objectif de s’opposer au projet gouvernemental de destruction de l’actuel système de retraites. Il s’agit de la 8ème offensive de la bourgeoisie contre nos retraites depuis 1995. La CGT a dénombré environ 400 000 manifestants à Paris, plus de 100 000 à Marseille, 50 000 à Nantes et Toulouse, mais aussi plus de 10 000 dans de nombreuses villes moyennes du pays aussi peu habituées des fortes mobilisations que Nice ou Perpignan, qui ont toutes deux rassemblé 20 000 manifestants. Soit entre un et deux millions dans tout le pays. Il y a longtemps que l’on n’avait plus vu une telle participation. C’est que l’attaque de la classe ouvrière par la bourgeoisie est de très grande ampleur.

Cependant, en appelant à une nouvelle date le 31 janvier prochain, (dans 12 jours !) l’intersyndicale a choisi une stratégie qui a déjà montré ses limites de nombreuses fois. Une date trop éloignée pour un tel affrontement. Certes, il faudra bien entendu s’inscrire massivement dans cette échéance, et en assurer la réussite. Mais le choix de cette date est révélateur de l’hégémonie de la CFDT, confédération collaborationiste, au sein de la direction actuelle du mouvement. Or, la recherche d’une victoire contre la bourgeoisie exige que s’impose une stratégie inverse de celle de l’actuelle intersyndicale. Car la question n’est pas de savoir si la CFDT trahira mais quand elle trahira (de préférence au moment le plus inopportun). Sachant que la trahison viendra aussi d’autres organisations qui depuis de trop nombreuses années n’ont cessé de mettre en œuvre une véritable pédagogie de la défaite. L’expérience de ces dernières années faisant, certains secteurs importants de la classe ouvrière s’organisent déjà pour déborder les directions réformistes, n’attendant rien des échéances décidées par en haut, se coordonnent pour mettre en place un dispositif plus combatif et mieux à même de vaincre. On insiste sur l’importance et l’urgence d’une Grève générale.

De son côté, la bourgeoisie s’est elle aussi radicalisée. Dans tous les partis de la bourgeoisie (du ‘‘Centre’’ – macroniste – à la droite LR – post-gaullistes – on a vu croître des fractions fascisantes ou fascistes et le FN/RN entrer massivement au parlement. Enfin, au mois de novembre, Macron a acheté pour 38 millions d’euros de matériel destiné aux forces policières (grenades lacrymogènes, grenades dites de désencerclement, grenades assourdissantes…). On sait qu’après sa première élection en 2017, il avait déjà acheté le même type de matériel en prévision des oppositions que sa politique ne pouvait pas manquer d’entraîner. Ce matériel a finalement servi contre les gilets jaunes, contre les manifestants cheminots luttant contre la destruction de la SNCF, contre les personnels hospitaliers, et finalement, juste avant la pandémie de Covid-19, contre les manifestants de la première tentative de Macron d’imposer sa ‘réforme’ des retraites. En plus des armes, le gouvernement peut imposer des mesures juridiques (les réquisitions) contre les grèves et les manifestations, comme il l’a déjà fait lors des récentes grèves dans les raffineries.

La classe ouvrière de France doit donc prendre en compte et le processus de fascisation, et la détermination de la bourgeoisie, dont Macron est le chef des porte-flingues, et l’armement des forces de répression de l’État autant du côté policier que du côté judiciaire. Compter aussi le flot de propagande déversé par les médias au service de leurs propriétaires, milliardaires, réactionnaires ou fascisants tel que Vincent Bolloré.

Sur le fond, cette ‘‘réforme’’ des retraites est des plus simples à comprendre. Dans ‘‘Le Capital’’ et Salaires, prix et profits Marx a montré que pour accroître ses profits bénéfices, la bourgeoisie a toujours cherché à accroître le temps de travail, tout d’abord par l’allongement de la durée quotidienne de travail. Mais aujourd’hui la bourgeoisie le fait en étendant cette durée non plus à la journée, à la semaine ou au mois, mais à toute la durée de la vie. C’est fondamentalement ce que Macron cherche à faire. Bref, il s’agit d’augmenter la plus-value du capital. Dit ainsi, cette réforme est inacceptable pour des millions de personnes, alors que l’inflation abaisse considérablement le pouvoir d’achat (le prix du gaz, de l’électricité, des carburants, de l’alimentation en hausse constante, alors que  les salaires qui restent bloqués très en dessous de l’inflation). En ajoutant les scandales à répétition de la fraude fiscale (même quand elle est baptisée ‘optimisation fiscale’), d’un côté, l’aide d’État aux entreprises, et les super-profits liés à la pandémie puis à la guerre d’Ukraine sont par eux-mêmes déjà absolument scandaleux (plusieurs centaines de milliards d’euros par an) tout cela suscite une très grande colère.

Alors, pour justifier sa réforme, Macron et les médias bourgeois ont déployé de gros efforts pour en obscurcir les termes, pour en cacher les motifs et les effets attendus. De sorte que ce dossier est devenu compliqué et nécessiterait de nombreuses pages d’explications.

Macron et la bourgeoisie évoquent les raisons les plus diverses : économiques et démographiques, (il y aurait trop de retraités pour le nombre d’actifs), on vivrait plus longtemps, donc il faudrait travailler plus longtemps, et puis il faut reconstruire l’école et les hôpitaux (que Macron a lui-même détruit), etc.

Mais, connu pour ses grotesques et nombreux mensonges, Macron agit trop manifestement dans l’intérêt exclusif des capitalistes et ses explications, souvent contradictoires, ne sont plus crédibles. En quelques mois, lui et ses ministres ont changé plusieurs fois de prétextes, de sorte que plus personne ne peut croire ce que disent les uns et les autres. Alors, la ‘réforme’ des retraites n’est plus justifiée par Macron que par un grossier « C’est mon autorité qui est en cause ».

La destruction du système de retraite survient après une longue série d’autres destructions, toutes plus graves les unes que les autres, dont l’école et l’Université, la SNCF, la RATP, la Poste, et l’hôpital public, etc. Dans ce domaine de l’hôpital public, la destruction « néo-libérale » a causé au moins 150 000 morts (non imputables au seul virus), et d’anciens ministres de Macron (Edouard Philippe – ex-premier ministre, Agnès Buzin – ex-ministre de la santé, etc.) sont poursuivis par la justice pour cette raison.

Un auteur, Nicolas Da Silva, La bataille de la Sécu,  écrit : « La crise actuelle du système de santé n’est pas avant tout financière (elle ne se mesure pas en quantité d’argent), mais politique (elle se mesure à l’aune de la distribution du pouvoir). Avec la même quantité d’argent, mais une autre distribution du pouvoir, il serait possible de faire beaucoup mieux pour beaucoup plus de gens, tant du côté des patients que des soignants ». Il en va exactement de même pour le système de retraites. Il n’y a pas de problèmes de financement mais il y a le problème politique d’institutions où la classe ouvrière et les autres classes populaires ne sont pas représentées, alors que moins de 10 % de la population française bénéficient d’une sur-représentation à l’Assemblée Nationale.

C’est en dernière analyse la vraie question que cette ‘réforme’ des retraites pose : la bourgeoisie n’est plus capable de gérer la société en garantissant un minimum de moyens de subsistance aux classes laborieuses. Robin des Bois, dit-on, volait les riches pour donner aux pauvres ; Macron vole les pauvres pour donner aux très riches.

Derrière la question des retraites se pose celle du nécessaire dépassement de la société bourgeoise et de son mode de production capitaliste, ce au niveau mondial.